La qualité de l’eau de mon puits

Source : MDDEFP

La qualité de l’eau de mon puits

L’eau est une ressource aussi précieuse que vitale. En tant que propriétaire d’un puits individuel ou d’un petit réseau desservant moins de 21 personnes, vous avez la responsabilité de vous assurer de sa qualité dans une perspective de protection de votre santé et de celle de vos proches. Vous trouverez dans ce document toute l’information nécessaire afin d’y parvenir.

La qualité de l’eau de mon puits et mes responsabilités...

Lorsqu’elle provient d’un puits de surface ou tubulaire (communément appelé « puits artésien ») et qu’elle est destinée à la consommation humaine, l’eau doit être de bonne qualité et respecter les normes édictées dans le Règlement sur la qualité de l’eau potable. C’est au propriétaire du puits individuel ou du petit réseau (desservant moins de 21 personnes) que revient la responsabilité de s’assurer de la qualité et de la sécurité de l’eau qu’il offre pour consommation.

Malgré qu’elle puisse avoir une apparence claire et limpide et n’avoir aucune odeur ou saveur particulière, l’eau captée peut contenir des éléments pouvant avoir des effets indésirables sur la santé, par exemple des microorganismes pathogènes (bactéries, virus ou protozoaires) et des nitrates-nitrites.

L’eau souterraine, qui est généralement de meilleure qualité que l’eau de surface (lac, rivière, ruisseau) grâce à la capacité filtrante du sol, peut être vulnérable à la contamination et des précautions doivent être prises pour assurer en tout temps un approvisionnement en eau de bonne qualité.

Ainsi, le Ministère recommande l’analyse de l’eau au moins deux fois par année, soit au printemps et à l’automne. Il est pertinent de faire réaliser des analyses supplémentaires lorsque vous constatez des changements soudains au goût, à l’odeur ou à l’apparence de l’eau, ou que des modifications sont apportées au puits ou au sol environnant. Ces analyses devraient être réalisées par un laboratoire accrédité.

L’analyse de l’eau ne suffit pas à elle seule à garantir la qualité de l’eau de consommation. En effet, outre les analyses préconisées, il faut régulièrement vérifier l’état du puits et de l’installation septique, examiner les sources possibles de contamination dans l’environnement du puits et apporter les correctifs appropriés. Le document Le puits présente les normes d’aménagement à respecter pour trois types de puits (puits tubulaire, puits de surface et pointe filtrante).

Dans le cadre de l’aménagement d’un nouveau puits, la réglementation impose certaines analyses, dont celles des bactéries Escherichia coli (E. coli), des bactéries entérocoques, des bactéries coliformes totales et des nitrates-nitrites. Ces paramètres sont les plus susceptibles de varier dans le temps, et il est recommandé de les inclure dans le suivi régulier de la qualité de l’eau d’un puits.

Les indicateurs microbiologiques de l’eau…

La majorité des microorganismes pathogènes (virus, bactéries ou protozoaires pouvant causer des maladies) susceptibles de se trouver dans l’eau proviennent de déjections humaines ou animales. Comme il est techniquement impossible de faire l’analyse de tous les pathogènes, on utilise plutôt des indicateurs microbiologiques qui sont en soi sans danger : les bactéries E. coli, les bactéries entérocoques et les bactéries coliformes totales.

Les bactéries E. coli sont très abondantes dans la flore intestinale humaine et animale, et c’est aussi la seule espèce qui soit strictement d’origine fécale. Les bactéries E. coli sont considérées comme le meilleur indicateur de contamination fécale. Leur présence dans l’eau signifie que cette dernière est contaminée par une pollution d’origine fécale et qu’elle peut donc contenir des microorganismes pathogènes.

La gastro-entérite est la maladie la plus fréquente associée à l’ingestion d’eau contaminée par des matières fécales. Bien que cette maladie soit souvent bénigne, elle peut parfois avoir des conséquences très graves sur la santé. D’autres maladies plus rares comme les hépatites ou les méningites peuvent aussi être provoquées par l’ingestion d’eau contaminée. Ce risque concerne non seulement les membres d’une famille qui consomment l’eau d’un puits, mais aussi tous leurs visiteurs.

Les bactéries entérocoques sont moins abondantes dans la flore intestinale des humains et des animaux que les bactéries E. coli, et certaines espèces de ce groupe ne sont pas d’origine fécale. La détection de bactéries entérocoques dans l’eau d’un puits peut indiquer une contamination fécale ou une infiltration d’eau de surface. Il est cependant prudent de considérer la présence de bactéries entérocoques comme une indication d’une contamination fécale.

Les coliformes totaux constituent un groupe hétérogène de bactéries d’origines fécale et environnementale. En effet, la plupart des espèces de coliformes totaux peuvent se trouver naturellement dans le sol et la végétation. Leur présence dans l’eau n’indique pas une contamination fécale ni un risque sanitaire, mais plutôt une dégradation de la qualité bactérienne de l’eau. Cette dégradation peut être attribuée, entre autres, à une infiltration d’eau de surface dans le puits, ou au développement progressif d’une couche de bactéries sur les parois appelée « biofilm ». L’analyse des coliformes totaux permet notamment d’obtenir de l’information sur la vulnérabilité possible d’un puits à la pollution de surface.

Présence de bactéries E. coli ou entérocoques dans mon eau

L’eau potable ne doit contenir aucune trace de bactéries E. coli ou entérocoques. Si c’est le cas, il est essentiel de maintenir cette eau en ébullition durant au moins une minute avant de la consommer, ou de se procurer de l’eau potable provenant d’un réseau de distribution ou de l’eau embouteillée. Il faut également utiliser de l’eau bouillie ou de l’eau provenant de ces sources alternatives pour préparer des glaçons, des breuvages et des aliments pour bébés, laver les aliments qui seront mangés crus et se brosser les dents. On peut continuer d’utiliser l’eau du puits pour la douche et le bain (en prenant soin d’éviter de l’avaler), toutefois, les enfants et bébés devraient être lavés à l’éponge. Ces recommandations doivent être suivies jusqu’à ce que des analyses subséquentes révèlent la conformité de l’eau aux normes.

Il est recommandé de déterminer la source de la contamination et d’apporter, si possible, les correctifs appropriés. Ensuite, un traitement choc de désinfection du puits peut être approprié, spécialement lorsque la contamination est liée à des circonstances particulières (fonte, pluie abondante, etc.).

La désinfection d’un puits s’effectue de la façon suivante :

1.Nettoyer le puits, si possible, à l’aide d’une puisette afin d’enlever les corps étrangers, les dépôts, les matières animales ou végétales, etc.

2.Verser dans le puits de l’eau de Javel selon les quantités mentionnées dans le tableau suivant, intitulé « Quantité requise d’eau de Javel pour la désinfection d’un puits ».

3.Mélanger l’eau de Javel avec l’eau du puits et, si possible, laver et brosser la paroi intérieure. On peut également raccorder un tuyau d’arrosage au robinet le plus proche et rincer la paroi intérieure du puits, afin d’assurer un mélange complet du chlore et de l’eau dans tout le puits.

4.Ouvrir tous les robinets de la résidence. Lorsque l’odeur du chlore est perceptible aux robinets, arrêter la pompe du puits et fermer les robinets.

5.Attendre 24 heures avant de faire circuler l’eau dans les tuyaux.

6.Effectuer par la suite une purge prolongée en laissant couler l’eau d’un robinet jusqu’à ce que l’odeur du chlore disparaisse. Ouvrir ensuite tous les robinets pour rincer complètement la tuyauterie.

7.Procéder à de nouvelles analyses de l’eau une semaine suivant la désinfection et quatre semaines plus tard, afin de savoir si l’eau répond aux normes de qualité.

Présence de coliformes totaux dans mon eau

La présence de coliformes totaux renforce l’importance de faire des analyses régulièrement et d’apporter les correctifs appropriés pour prévenir toute contamination fécale éventuelle. Si de nouvelles analyses confirment la présence de coliformes totaux en des concentrations excédant la norme (au-delà de 10 ufc/100 ml), il peut s’avérer pertinent d’effectuer un traitement choc de désinfection du puits.

Déterminer la source de contamination

Il est important de déterminer la source de la contamination et d’apporter les correctifs appropriés pour améliorer la qualité de l’eau à long terme. Les sources locales de contamination peuvent être multiples :

  • Mauvais aménagement du puits (manque d’étanchéité du couvercle ou du scellement, dégradation des matériaux, etc.);
  • Pente inadéquate du sol environnant (absence d’un monticule autour du puits pour éloigner le ruissellement provenant de la surface);
  • Installation septique défectueuse;
  • Insalubrité des lieux (ex. : épandage de fumier ou autres activités générant de la pollution fécale à proximité).

Dans ces cas, il s’agit donc de procéder aux travaux requis pour corriger la situation ou de sensibiliser le responsable de la source de contamination. La personne aux prises avec un problème de contamination peut communiquer avec l’officier municipal concerné, qui l’aidera à orienter sa recherche de solutions. Des analyses subséquentes de la qualité de l’eau permettront de vérifier l’efficacité des correctifs apportés.

La qualité de l’eau de mon puits en situation d’inondation

Lors d’une inondation, les propriétaires d’un puits individuel doivent prendre des précautions particulières, car de tels événements génèrent des risques importants pour la qualité de l’eau souterraine; celle-ci peut être contaminée à la fois par l’eau de la rivière et par des installations septiques situées à proximité. Pour prévenir les risques de maladies liées à la consommation d’eau contaminée, le Ministère recommande aux personnes touchées les mesures suivantes :

  • Pendant l’inondation : l’eau de tout puits situé dans un secteur inondé doit être considérée comme non potable. Les personnes touchées devraient s’approvisionner en eau potable à partir d’une source alternative (par exemple, de l’eau provenant d’un réseau de distribution ou de l’eau embouteillée), ou faire bouillir durant une minute toute eau destinée à l’ingestion ou à la préparation d’aliments non cuits.
  • Après l’inondation : après le retrait définitif des eaux d’inondation, le propriétaire devrait d’abord vérifier l’intégrité des équipements de son puits et plus particulièrement le circuit électrique. Il devrait ensuite attendre un minimum de dix jours avant de désinfecter le puits selon la procédure décrite ci-dessous, et s’assurer que les résultats des deux séries d’analyses recommandées par la suite sont conformes avant de recommencer à consommer l’eau.